frage pour se jetter chacun sur sa pièce ; mais aussy tost les vist on remis, tellement que d’où se craignoit le malheur Dieu fit sortir le bonheur de cest Estât. Sa Majesté voulut que ceux de la Religion reconneussent que ceste prospérité ne l’avoit point eslevé à leur dommage, et demeura en mesmes termes pour leur regard. Non touteffois plusieurs autres, lesquelz taschoient de faire ou retrancher ou rendre de plus difficile exécution ce qui, accepté en temps et lieu, se fust rendu plus facile.
Environ ce temps, au mois de Janvier 98, mourut monsieur de Buhy, frère aisné de monsieur du Plessis, en sa maison, surpris d’une violente apoplexie, à la chasse, de laquelle il avoit jà eu deux autres accez. Ceste playe nous fut sensible, mesme en l’estat où nous estions. Le Roy en escrivit des lettres de condoléance à monsieur du Plessis en ces mots qu’il n’y pensoit pas avoir moins perdu que luy ; il avoit asseurance du gouvernement de Calais ou de Nantes, le premier qui seroit remis en l’obéissance du Roy ; ce que S. M. conferma encor avec parole de grand regret à M. du Plessis, passant à Saumur. Mais il n’y eut moïen de conserver ny ses estatz, ny ses espérances à son filz unique, n’estant, lors de son décez, âagé que de douze ans.
S’avancoit cependant aussy, en conséquence de ce grand et inopiné succez d’Amiens, le traicté avec le Roy d’Hespagne d’une part, conduit par messieurs de Belièvre et de Sillery, le voyage de Bretagne de l’autre, pour réduire M. de Mercœur par la force, qui abusant du malheur de la Picardie, n’avoit sceu prendre son temps pour traicter à telles conditions