Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/350

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presque qu’il eust peu demander. Et des progrez de ces deux affaires advertissoit M. du Plessis à toute heure messieurs de l’assemblée de Chastellerault ; l’un desquelz passoit par ses mains, l’autre ne luy estoit caché par S. M. mesme, à ce qu’ilz prévinssent, par la conclusion de leurs affaires, la paix d’Hespagne et la réduction de Bretagne, lesquelles ne pouvoient tarder, et accomplies qu’elles seroient, les laisseroient du tout à la pure discrétion du Roy ; et touteffois tousjours y en avoit il qui en voulurent douter et qui en faisoient douter les autres, pensant tousjours gaigner quelque poinct, tantost pour le publicq, tantost pour le particulier, tellement que le Roy fut à Angers, la négotiation de Vervins, (car là se traitoit elle,)[1] à la ratification près, premier que l’édit de la Religion fust arresté, ce qui fut finalement à Nantes. Et cependant, le Roy passant à Tours, l’estoient venu trouver de Chastellerault messieurs le duc de Bouillon et de la Trémouille, non sans quelque diminution de la réputation et auctorité de l’assemblée désemparée de leurs personnes. Furent néantmoins enfin résolues toutes les difficultez de ce traicté, auquel monsieur du Plessis n’oublia rien pour les faciliter vers S. M. et son conseil[2] Mais la vérification s’en rendit difficile, par la pacification générale de l’Estat, qui se fut rendue facile pendant qu’il estoit en incertitude ; non au regard du Roy,

  1. L’Espagne restituait toutes ses conquêtes, et la France retrouvait l’intégrité de son territoire. La paix fut signée le 2 mai 1598, à Vervins.
  2. L’édit de Nantes ne fut enregistré au Parlement de Paris que le 25 février 1599.