Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/367

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nir, mais que le Roy lui estoit témoin qu’il avoit tousjours ainsy vescu, ordonnant sa vie par ordre, au service de Dieu premièrement, puis de son Roy et de ses amys ; qu’il n’ignoroit point que cela le pouvoit reculer des honneurs de ce monde, et ne le trouveroit estrange, mais que la parole de Dieu ne manquoit point qui honoreroit ceux qui l’honorent ; que ce qu’il avoit mis son nom n’avoit point esté par ambition ny vanité, qui luy eust cousté trop cher, mais afin que la vérité fust plus avidedement leue et reconnue, qu’il estoit désormais temps qu’elle le fust, et que, sy S. M. avoit dessein, comme Elle devoit avoir, de chasser un jour les abuz de l’Eglize, il devoit désirer que sa terre fust labourée par telz moïens, pour estre capable de recevoir telle semence. Et requit fort affectionnément M. de la Force de luy faire ceste responce. La mesme fit il au sieur de Loménie, secrétaire intime de la chambre du Roy, luy en parlant de sa part ; mais S. M. ne luy en parla du tout point, encorre que quelques ungz vouloient animer madame la Duchesse de Beauford contre luy, luy faisant entendre que sy, le Roy ne faisoit démonstration au Pape de le trouver mauvois, il y avoit danger qu’il ne luy deniast sa faveur pour son mariage[1]. Au contraire, comme divers propos s’en esmeurent devant le Roy sur son disner, « il me semble, dit-il, quoy qu’on en die, que les choses sont en beau chemin, car puisqu’ilz impugnent les passages qu’il allègue de faux, et qu’il les maintient vrays, je preste ma maison de St Germain

  1. Henri IV ne songeait alors qu’à épouser Gabrielle d’Estrées