Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/374

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qui fust en tel estat qu’il le trouva. Cest assaut fut rude, et y fut tué nombre de bons hommes. Notre filz y donna à la teste, y fut des premiers et derniers, y receut deux coups de pique dans ses armes qui, par deux fois, le rejettèrent du haut dans le fossé. Un gentilhomme que nous luy avons donné, nommé la Haye, nepveu des sieurs de Cherville de Beausse, qui y alla avec luy, y receut une grande mousquetade dans le corps. Monsieur de la Noüe conduisoit la teste, et monsieur le Prince Maurice faisoit ferme[1] avec sa cavalerie ; Dieu qui nous l’a préservé, le nous ramènera, s’il luy plaist, en santé, pour servir à sa gloire. Le mesme moys, 9e Juillet à 8 heures du soir, est accouchée ma fille de la Verrie, au chasteau de Saumur, d’une fille, présentée au saint baptesme par M. et madame de Charbonnières, laquelle ilz nommèrent Charlotte, que Dieu bénie, sy luy plaist.

Et cecy escrips je maintenant en ce moys d’Aoust 1599, voyant monsieur du Plessis prest d’aller trouver S. M. à Blois, comme il luy fut commandé, dès son partement de Fontainebleau, et depuis par plusieurs lettres où je prie Dieu qu’il le bénie en affaires publiques et particulières.

Le 7 Aoust, monsieur du Plessis partit de Saumur pour aller trouver le Roy qui estoit venu à

    plus tard stathouder de Hollande ; son frère aîné, le comte de Buren, prisonnier des Espagnols, était devenu catholique et ne prit jamais part aux affaires de son pays. Le Prince Maurice commandait alors les troupes de la république sans titre déterminé.

  1. Au contraire des deux manuscrits, l’édition de M. Auguis porte « Le Prince Maurice faisait fermer avec sa cavalerie. »