Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/375

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Blois, et ce selon le commandement qu’il en avoit receu ; il sceut néantmoins par les chemins que S. M. estoit retournée en poste à Paris, et ne laissa de passer outre. Le subject de ce voiage l’affligeoit, fondé sur nouvelles amours[1] ; et non moins la façon dont il s’exposoit au danger, n’y restant encor que trop de mauvaises volontez ; l’alarme n’en redoubla pas peu à tous les gens de bien, quand ilz sceurent l’attentat du Prince de Ginville[2] sur monsr le Grand Escuier, de nuict, à la porte du logis du Roy, revenant S. M. de soupper chez monsieur le Duc d’Elbeuf, où ilz avoient beu l’un et l’autre, et n’ayant eu depuis S. M. loisir que de se coucher. Par où, la facilité d’entreprendre sur le Roy mesme, en la vie qu’il faict, ne fut que trop manifeste au peu de devoir qui fut faict contre l’entrepreneur, et au peu mesme de bruict[3] qui en fut. Que Dieu voulust que ce fust un advertissement à S. M. pour se prendre garde de plus près.

Quelques jours après S. M. fut de retour à Paris, où monsieur du Plessis luy baisa les mains. Il ne l’avoit point veu depuis la mort de la feu Duchesse de Beaufort ; et touteffois est à remarquer qu’il ne luy en dit un seul mot de ses regretz, comme aussy fust touteffois qu’à tous ceux qui venoient de nouveau en court il en fist ses doléances.

Pendant ce séjour, il fust employé principalement

  1. Le roi avait pris alors beaucoup de goût pour Henriette d’Entragues.
  2. De Joinville ?
  3. Au contraire des deux manuscrits, l’édition de M. Auguis porte : « Au peu mesme de bruit qui ne fut que Dieu voulut… »