Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/394

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respondit que la vérité estoit assés forte pour subsister toute seule, sy touteffois elle estoit assaillie, qu’il estoit de son devoir de la défendre, et en demeurèrent là dessus. Or, sembloit aussy estre de l’intention du Roy d’assoupir tout cela, moiennant qu’il n’escripvit point, ains se tinst pour vaincu, prétendant de là tirer quelque avantage pour la Religion romaine. Et de faict, ces mesmes jours depuis ceste action, il disoit aux plus grandz que jamais n’avoit eu un meilleur serviteur, qu’il ne l’avoit jamais veu las ny recreu en ses adversitez, que par son seul advis, il estoit venu du fondz des montagnes au milieu du Royaume, et n’avoit pas la moindre part à ceste grandeur où il se voioit, et plus il en disoit, plus aussy croissoit l’obligation qu’il acquerroit sur le Pape. Mais comme il sceut qu’il ne se rendoit point, ce fut à dire le pis qu’il pouvoit contre luy, et toutefFois sans pouvoir exprimer autre desservice que celuy d’avoir escript contre le Pape, le meilleur de ses amys, le plus nécessaire à la conservation de son Estat.

Or, estois-je pendant ce voyage de Fontainebleau demeurée à Paris, en une extrême transe, fraischement relevée d’une grande maladie, travaillée de l’aheurtement de noz affaires domestiques. Et tout cela ne sentoy-je point au regard de la disgrâce inévitable de ce voyage ; j’avois recouvré pour monsieur du Plessis tous les livres dont il pouvoit avoir besoing, recerchez avec une grande diligence pour le peu de temps en toutes les librairies de nos amys, et les luy avoy faict tenir, mais un peu tard, parce que trop tard il m’en avoit donné la charge ; j’estoy