Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/398

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ditz sieurs députez mesmes prirent la pêne d’en escrire eux mesmes chacun une copie, pour icelle envoier en toute diligence chacun en sa province. Ce discours particulièrement m’envoya promptement monsieur du Plessis à Paris pour iceluy faire voir à noz plus confidens amys, et à messieurs de l’Eglize de Paris, premier que le faire imprimer ; lesquelz aussy le jugèrent très nécessaire, et en tesmoignage d’approbation trouvèrent bon que quelques lignes fussent adjoustées en teste du dit discours, par lesquelles il apparust que les Eglises en faisoient leur cause propre.

Ce discours envoya monsieur du Plessis imprimer à la Rochelle, et à moy me remit le soin de le faire imprimer ou à Paris ou en tel autre lieu que j’adviseroy, portant touteffois impatiemment que je tardasse là pour la crainte qu’il avoit que l’affection que j’apportay à cest affaire et le courroux du Roy qui s’augmenta depuis qu’il sceut monsieur du Plessis party, ne me causast quelque inconvénient. Car il est certain que comme le Roy vit qu’il s’estoit retiré, désespéré de l’avantage qu’il s’estoit promis de ceste action, parce qu’il jugeoit bien que monsieur du Plessis ne s’en pouvoit taire, il en montra une animosité qui ne se pouvoit estancher, ne rencontrant personne de la Religion à qui il ne s’en dégorgeast, et prenant à partie tous ceux qui tant soit peu taschoient de l’addoucir. Tellement que quelques uns de noz meilleurs amys de ce advertyz, monsieur le Duc de Bouillon mesme, ayant veu ce discours, envoya exprès vers monsieur du Plessis, l’exhortant à se contenter d’escripre ce qui concer-