Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/399

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noit la vérification des passages sans déduire la procédure, luy représentans la maie grâce du Roy et ce qu’elle pouvoit produire contre luy. Mais ne luy estant allégué que son dommage particulier, et voyant de l’autre part l’utilité publique, laquelle ilz reconnoissoient tous estre manifeste en la publication des procédures, il se résolut de préférer le publiq. Comme de faict la procédure de ceste action et l’action mesmes estoient sy attachées l’une à l’autre qu’il estoit malaisé de bien juger de l’action et pour le présent, et pour l’avenir, sans estre informé des procédures. Je ne laissay donq aussy pour cela de faire mes diligences et d’envoyer copie de ce discours premièrement à mons. Tillenus, docteur en Théologie à Sedan, qui fit grande diligence de le faire imprimer et courir, et puis partout ailleurs dedans et dehors le Royaume, pour le faire imprimer et traduire, selon les addresses, partie que monsieur du Plessis me donnoit, partie dont je m’advisoy de moy mesmes, et depuis nous en avons eu responce de toutes partz dont nous avons grandement à louer Dieu. De l’Eglize de Genève particulièrement par lettres de monsieur de Bèze[1] en nom d’icelle, et les lettres en sont en nos mémoires. Mais pour Paris, je me trouvoy en pêne, où touteffois il importoit surtout que ce faict fust relevé. Et le péril n’estoit pas petit à l’entreprendre. Une femme enfin me fust amenée, veufve d’un nommé de Louvain, qui s’en chargea moiennant quelque somme que je luy bail-

  1. Théodore de Bèze était alors établi à Genève, où il dirigeait l’Église depuis la mort de Calvin, en 1564.