Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/400

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lay ; mais elle s’y conduict avec si peu de diligence et de discrétion que la première nouvelle que j’euz après mon retour à Saumur fut qu’elle avoit esté descouverte et prise, et l’imprimeur Montreuil, qui la servoit ayant presque achevé son impression, et interrogée, avoit desposé ce qui en estoit, sur quoy le lieutenant civil avoit despéché en poste à Lyon, vers le Roy pour, scavoir ce qu’il en feroit.

Je ne veux obmettre icy, que pendant mon séjour de Paris, je quittay notre demeure en la rue du Louvre, et me retiroy au fauxbourg Saint Germain des prés où, nonobstant notre desfaveur, je ne laissay d’estre fort visitée de tous les gens de bien ; mesme y receuz courtoisie de quelques uns des plus grandz d’entre les Catholiques qui auparavant ne se souvenoientpasde nous. Il sera trouvé estrange qu’il me fut dict de la part de M. d’Espernon que, combien que le Roy luy eust voulu faire croire que monsieur du Plessis le hayssoit, il ne le pouvoit croire, ayans esté réconciliés, et qu’il ne croioit rien de tout ce qu’on imputoit à monsr du Plessis, qu’il le tenoit pour gentilhomme d’honneur, qu’il estoit son amy et le trouveroit tel[1] là où le voudroit employer. Je ne veux aussy oublier qu’outre l’amityé et bons offices ordinaires de monsr et madame du Bouchet, qu’en ce faict particulier nous leur avons une très spéciale obligation, lesquelz pour tout cela, bien que catholiques Romains, ne s’en reculèrent point de moy ; au contraire n’oublièrent aucuns bons offices,

  1. L’édition de M. Auguis porte, au contraire des deux manuscrits, « et le nommeroit tel.... »