Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/46

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croissemens et causes d’icelles, pareillement les lieux où s’estoient données les batailles, et par où avoient esté assaillies des places, dont il avoit fait un recueil fort ample en italien qui est à Colongne entre les mains de Jehan Metellus, Bourguignon de la Franche Conté, avec plusieurs autres siens papiers lesquelz je n’ay encorres peu retirer. Et alloit conférant ses memoyres en faisant veue des lieux pour former son jugement et proffiter d’aultant mieux. Ceste mesme méthode suivit il en tous ses voyages d’Allemaigne, Hongrie, Païs Bas, Angleterre, etc., dont luy et moy taschons à retirer les memoyres espars en diverses mains, pour en soulager nos enfans. Ce voyaige mesmes, il fut à Ferrare qui trembloit encor, et s’y arresta quelques jours pour s’enquérir et observer les circonstances du tremblement qui dura sept ou huit moys et le plus mémorable qui fut onq. De là poursuivit jusqu’à Rome, et fut presques logé avec Cordeliers qui alloient à leur synode général à Rome. Ce ne feut sans entrer souvent en dangereux devis des affaires de France qui ne faisoit que sortir des troubles et guerres pour la religion[1] ; ce qui luy avint sy avant à Ancône, ville de la Marque[2], subjette au Pape, avec ung abbé qui s’en alloit à Laurette, qu’il fut contraint de se soubstraire secrettement de sa compaignie pour éviter l’idolâtrie, prenant le vieux chemin de la poste qu’on ne fréquentoit plus à cause que c’estoit comme ung crime de ne saluer Lorète en

  1. Par la paix de Saint-Germain, signée le 8 août 1570, après la bataille de Jarnac en 1569, où avait été tué le prince de Condé.
  2. La Marche.