passant. A Spoleto, fut en danger par ce que, sur la fin d’ung tremblement de terre qui avoit duré deux mois, fut mis sur les rangz une Nostre Dame, fondée à imitation de celle de Laurete, ès fauxbourgs de Spoleto, qu’on disoit faire miracles et avoir pleuré, et par ses pleurs sauvé la ville du tremblement ; et accouroient à ceste idolâtrye les villes circonvoisines en bataillons soubs bannières de toutes partz, et marchoient soubs crucifix comme soubs enseignes, non sans danger de ceux qui ne les saluoient, comme souvent luy en cuyda mésavenir sur les chemins. Dieu l’en sauva à temps, parce que, comme il passoit par Spoleto, se publioit ung édit du Pape Pie cinquiesme, lequel, pour certaines impostures descouvertes, défendoit d’y aller en pèlerinage tant que ses miracles fussent deuement prouvés et approuvés par luy, sur pêne d’excommunication. Ce néantmoins, comme il passa devant l’oratoire, aucuns vindrent prendre son estrier pour le faire descendre, mais comme il refuza, ilz n’ozèrent contester à cause du dit édit. Le bruit de ceste idolâtrye avoit esté espandu par toute l’Italye, et disoit on merveilles de ceste idolle. Mais comme il entendoit qu’elle avoit guairy ung aveugle ou boyteux en certain village, il y alloit, et lors on luy disoit que c’estoit en ung autre, où il en trouvoit tout aussy peu, et sur les chemins les interrogeant tous, n’en trouva jamais ung seul qui s’en louast. Ce que depuis il testifia à monsieur de Savoye, estant à sa court, qui en estoit esmeu et auquel on en avoit conté merveilles. Arrivé que fut monsieur du Plessis à Rome, et logé à l’hostellerie de la Truye, soit qu’il eust esté che-
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