Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/52

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Royne dont quelques 60 vers furent perdus[1], [lesquelz il n’a depuis jamais peu refaire, et furent perdus] parce qu’il les avoit déchirés en pièces et cachés en divers endroitz, d’aultant qu’ils estoient dangereux et que les persécutions et recherches estoient grandes soubs le duc d’Albe. Il pouvoit estre de huit cents vers, et l’incitoit à la ruyne de l’antechrist et rétablissement de la vraye Eglize, etc. En Angleterre on luy voulut bailler une charge d’aller de la part du Roy visiter la Royne d’Escosse[2], ce qu’il refusa, craingnant qu’on ne le feist porteur de lettres préjudiciables à l’estat d’Angleterre et partant de la religion. Ainsy arriva vers la fin de Juillet en France, et ayant peu de jours séjourné à Buhy avec madamoyselle sa mère, alla trouver feu monsieur l’Amiral à Paris, auquel il bailla l’estat de ce qu’il avoit observé es Pais Bas, qui fut communiqué au feu roy Charles ; puis présenta une remontrance (depuis imprimée, mais incorrecte, au recueil des Mémoyres de la France), de la justice, utilité et facilité de ceste guerre là contre le Roy d’Hespagne ; et sur ce, luy fut proposé par feu monsieur l’Amiral d’aller trouver le prince d’Orange qui lors s’acheminoit avec son armée, et de l’asseurer du secours du Roy, ce qui fut tost après changé sur la deffaicte de monsieur de Genlis allant à Montz. Monsieur du Plessis estoit rézolu de passer vers le Prince d’Orange, nonobstant les dangers, et se vouloit desguiser en paysant ; et comme monsieur

  1. Ce passage manque dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale et dans l’édition de M. Auguis.
  2. Le manuscrit de la Bibliothèque impériale et l’édition de M. Auguis portent « la Royne d’Escosse prisonnière. »