lieues au delà de Juvigny, duquel lieu, à la prière de toute sa trouppe, il s’en sépara pour sa seurté et fut conduit secrètement et par voyes obliques à Jametz, où il se tint caché quelque sebmaine, tant que l’alarme fut passée, sa trouppe néanmoins tirant tousjours son chemin par le pais messin vers l’Allemaigne, comme s’il y eust esté en personne. Là aussy, peu de jours après, passa monsieur de Méru de la maison de Monmorency, lequel monsieur de Buhy et luy récelèrent en leur logis à Jametz quinze jours ou environ, tant que l’esmeute en fust passée, d’où ilz le firent seûrement conduire en habit de fauconnier en Allemaigne par un messaiger de Merville en Luxembourg qui ne le congnoissoit pas. Ilz furent à Jametz jusqu’à la mort du roy Charles qui fut au mois de may ensuivant, et passoit son temps à faire quelques escritz, entre autres, il fit en Latin un livre intitulé : « De la puissance légitime d’un Prince sur son peuple, » lequel a esté depuis imprimé et mis en lumière sans touteffois que beaucoup en ayent seu l’autheur. Monsieur de Buhy, son père, et luy voyoient souvent feu madame de Morvillier et madlle de Franqueville, sa fille, aujourd’huy madame de Vallières, lesquelles estoient retirées à Jametz pour les troubles ; aussy feu monsieur de Chelandre, capitaine du lieu, homme jà fort vieil, et auquel son filz a succédé depuis. Incontinent après la mort du roy Charles, ils se retirèrent à Sedan pour estre plus proches des affaires qu’elle amêneroit, et furent logés chez le capitaine de Sedan, appelé le sieur de la Mothe, très honneste gentilhomme et affectionné à la religion, en une tour sur la porte de la ville. Or pour
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