Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/97

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les troubles de France depuis le massacre s’estoient retirés à Sedan beaucoup d’honorables familles, plusieurs gens d’honneur et de toutes professions, tellement qu’ilz y trouvèrent beaucoup de noblesse de leurs cartiers, et entre autres monsieur de Bourry, naguères décédé, leur cousin germain. Monsieur du Plessis y voyoit souvent feu monsr d’Heudreville avec lequel il avoit eu familiarité et amityé en son séjour d’Angleterre, lequel l’aymoit et l’honoroit fort ; iceluy estoit un des premiers conseillers de la court de Parlement de Rouen, grandement estimé et honoré tant qu’il a vescu et tenu pour homme d’honneur, bon juge, sans passion, charitable et vray amy, et encore est il tousjours regretté de ceux qui l’ont congneu tant d’une que d’autre religion. Monsieur du Plessis estoit aussy visité journellement de plusieurs ministres et autres gens de lettres, et ne se passoit affaires, tant pour les troubles de France et la cause de la religion que pour l’estat particulier de feu monsieur de Bouillon, qui ne luy fust communiqué. En ce séjour fit aussy plusieurs escritz selon que les affaires de France et les troubles luy en donnoient le subject, et pareillement les troubles du Pais bas, entre aultres une remonstrance après la mort du grand commandeur de Castille[1], qui avoit succédé au duc d’Albe ès Païs bas, laquelle fut envoyée à monsr le Prince d’Orange et fut imprimée en langue flamande et françoyse, non sans quelque fruit et effect ; et le subject estoit d’inciter les Estatz des Païs bas à se relever de dessoubs la tirannye par

  1. Don Louis de Requesens.