Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 2.pdf/116

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religion, afin que, par la crainte de remuemens de leur part, S. M. ne fust point retenue d’entreprendre contre l’Hespagnol. Pareillement, ce qu’on avoit mis en l’esprit du Roy que l’assemblée que ceux de la religion demandoient par leurs députez leur estre permise n’estoit que pour servir aux passions de quelques uns, et leur estoit nomméement suggérée par monsr de Bouillon duquel la disgrâce continuoit ; et de ces deux poinctz luy sembloit dépendre la continuation du repos des Eglizes et le remède ou la précaution de plusieurs inconvénients.

Quelques jours avant l’arrivée de M. de Rosny à Saumur, le chasteau avoit esté menacé de peste : le filz d’un sergent de la garnison en avoit esté atteinct, qui seroit touteffois mort transporté aux champs, ce qui nous avoit fait varier d’en partir ; et l’eussions faict n’eust esté que nous craignions que le dit sieur ne se fist croire que nous alléguions cest inconvénient pour excuse de ne l’y recevoir. Cela fust cause que tost après nous nous retirasmes en la maison de Bommoy, à une bonne lieue de Saumur, que le seigneur et dame du lieu nous prestèrent fort volontiers. Madame de Rohan nous avoit faict accommoder et meubler sa maison de Vanderenne en Poictou, monsieur de la Trémouille celle de l’Isle Bouchard, et l’un et l’autre nous en pressèrent fort ; mais pour plusieurs raisons, nous estimasmes plus à propos de ne nous eslongner de Saumur. Peu de jours après, monsieur du Plessis y receut lettres de M. de Rosny esquelles S. M. se plaignoit de certaines lettres escrittes aux Eglizes par M. de Bouillon, pour