Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 2.pdf/115

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En l’an 1604, au mois d’Apvril, nasquit une fille à nostre fille de Villarnoul, qui fut appellée Bénigne qui fut présentée au baptesme par M. d’Espeuilles et madamoyselle de Jaucourt.

Pendant tout ce temps, j’estois, comme je suis encorre, tousjours travaillée de mes maux ordinaires, ausquelz les perplexités de noz affaires n’adjoustoient pas peu de rengrègement, consolée touteffois de la présence de M. du Plessis que la guerre et la court m’a voient desrobé tant d’années, et surtout de la rézolution que je prens en Dieu , par tant d’expériences que celuy qui a faict le commencement et le milieu fera aussy par sa grâce la fin de noz affaires.

En Juillet 1604, monsr de Rosny vint prendre possession de son gouvernement de Poictou, où il fut receu avec un honneur respondant à la faveur que chacun reconnoissoit du Roy envers luy. Retournant en court, il vint voir monsieur du Plessis à Saumur, et madame de Rosny, notre nièpce, sa femme, avec luy ; à la réception duquel M. du Plessis convia ses voisins et amys ; et fut assisté d’eux avec une fort prompte affection jusques au nombre de six vingtz gentilzhommes des meilleures maisons, la plus part de religion contraire, parce qu’il y en a peu d’autres au pays. En ceste entreveüe se renoua une plus estroicte intelligence entre eux, et furent pris quelques conseilz pour le bien de l’Eglize et de l’Estat qu’il plaise à Dieu bénir. Il arriva à Saumur le 16e Juillet, et en partit le jour ensuivant, pressé de lettres du Roy. Le but de monsieur du Plessis fut de luy lever toute deffiance de ceux de la