Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 2.pdf/118

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fit voir que sy le dit duc scavoit le décez de son père, il ne pouvoit sur tel deuil honnestement se marier, et retournant en Allemaigne, le mariage non accomply, y trouveroit nouveau conseil pour le rompre du tout, estant tout clair que le père presque seul l’avoit affectionné. Sur ce donq, fut rézoleu de l’achever, et pour ce, faire entendre au dit jeune duc que le Roy pressoit M. de Rohan, pour affaires d’importance, de l’aller soudainement trouver, partant qu’il le prioit d’anticiper au premier jour. Ce que nostre filz, allant de ce pas trouver M. de Rohan à la chasse, luy fist trouver bon et au dit jeune duc, tellement que, deux jours après, les nopces se célébrèrent, et trois jours après icelles, fut au dit duc annoncée la ditte nouvelle, non sans regret de quelques uns des siens qui eussent voulu rompre ce mariage, de ne l’avoir plus tost sceue. Peu après il s’achemina en Allemaigne, et l’an ensuivant 1605, madame sa femme l’y suivit, où par la bénédiction de Dieu, ils vivent fort contens l’un de l’autre. Ce que dessus fut en Septembre 1604.

Monsieur du Plessis arriva quelques jours après les nopces, ausquelles, sans la précipitation, nous estions conviez, mais pour en mesme temps faire un office de deuil, parceque monsr de la Tabarière, beau père de nostre plus jeune fille, estoit décédé, non sans nostre grand desplaisir, tant pour son mérite que pour l’affection qu’il portoit à nostre ditte fille. Ceste mort leur apportoit des affaires avec la douairière et les filles du second lict, cohéritières, miais qui, après quelques altercations, furent terminées par les amys.