Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 2.pdf/119

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Monsr de Rosny en son voyage de Poictou avoit veu monsr de la Trémouille à Thouars, et en avoit esté fort honorablement receu, et après plusieurs propos assez libres des choses passées, l’avoit convié de venir en court, en luy faisant espérer d’estre employé contre l’Hespagnol, jusques à avoir tiré de luy promesse assés expresse de s’y rendre au plus tost. Estant de retour, il en asseure S. M. laquelle ne le croioit pas ayséement ; est depuis rapporté au Roy par M. le Grand[1], qui avoit veu M. de la Trémouille chez monseigneur de Montpensier à Champigny, qu’il ne faisoit pas cest estat là. Le dit sieur de Rosny donq là dessus le presse par plusieurs lettres de sa parole ; et enfin sur ce qu’il alléguoit tantost sa goutte, et tantost n’estre prest d’argent, luy escrit fort absoluement qu’il faut qu’il s’y résolve, et meslant les espérances de craintes luy faict assés connoistre que sa condition est en péril s’il ne vient, et ce pour résider près de S. M. ou en tel autre lieu qu’EUe luy ordonnera ; paroles qui luy donnèrent à penser. M. du Plessis sur ces entrefaictes, vers la fin de Septembre, alloit en Poictou et le vit en passant fort esbranlé à y aller, mesme en espérance d’y estre employé, et n’en voioit touteffois autre raison que la parole qui luy estoit eschappée. A son retour, il le trouve pris de la goutte en un bras, et ressentant en sa personne une secrette indisposition autre que de coustume. Peu de jours donq après, une forte convulsion luy prend, sur la fin d’un régime, sur la quelle madame de la Trémouille manda à monsr du

  1. Le grand écuyer, M. de Bellegarde.