Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 2.pdf/122

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ensemble. Tellement qu’elle requit fort asprement M. du Plessis de la descharger en quelque façon de ceste venue, sinon, qu’elle voioit son mary mort, et elle mesme, et avoit desjà la ditte Dame déclaré à M. du Plessis la confiance que monsieur son mary avoit pris en son testament de son amytié. Luy donq, s’y sentant obligé de conscience, en ayant délibéré avec messieurs de la Noüe et de St Germain qui se trouvoient là, escrit à la ditte Dame Princesse la plus respectueuse lettre qu’il peut pour la supplier de remettre ce voyage à une autre fois, auquel elle ne verroit que piteux spectacle de toutes partz ; et en fut porteur le sieur du Plessis-Bellay avec créance pour luy en exposer les raisons, monsieur son frère aux traictz de la mort, qui jà avoit perdu la parole, madame sa belle sœur plus morte que vive, sa fille aisnée avec la petite vérolle, les médecins qui ne vouloient rien désespérer, en l’onziesme jour qui estoit critique, auquel toute esmotion en ceste agonie seroit mortelle ; et de faict là dessus elle prit autre chemin, mais ce fut en dépeschant dès ce soir en court vers monseigneur le Prince son filz, avec plaintes aigres contre M. du Duplessis qu’il eust à faire vivement entendre au Roy, en luy faisant mesmes glisser des soupçons, comme s’il eust voulu disposer des enfans ou des places au préjudice de son service ; tellement que S. M. mesme, abbreuvé d’ailleurs d’autres calomnies, s’en monstra offensé. La sincérité enfin de sa procédure qu’il fit entendre aux principaux parens, fut reconnue, et luy par eux fort honorablement remercyé des bons offices qu’il rendoit à la ditte Dame, nomméement par