Page:Madeleine - L’Idylle éternelle, 1884.djvu/13

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

deux sourires. Que sera ce poète dans l’avenir, quand les déceptions lui auront fait le cœur plus triste et plus vaste, — ce qui déchire, élargit, — quand l’enfant sera un homme ? Sera-t-il, comme tant d’autres, amer et cruel, lui, si tendre, sera-t-il, comme quelques-uns, sinistre, lui, si délicat ? C’est le secret des années futures. Aujourd’hui, il est le chanteur sans malice, épris de tout ce qui est gracieux, luisant, sonore, le promeneur ravi à travers les rues où le soleil fait s’épanouir, comme de grandes fleurs de mousseline, les ombrelles des jeunes filles, le bohème des sentiers pleins d’abeilles et de fauvettes ; et c’est lui qui, dans le parc de Silvia, apprend aux bouvreuils la sérénade de Zanetto.

Mais il y a chez M. Jacques Madeleine, en même temps qu’un poète naïf, un artiste singulièrement subtil. Oui, ce jeune hom-