Page:Madeleine - L’Idylle éternelle, 1884.djvu/8

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monde ; et beaucoup de gens pensent que le grand succès de la foire serait pour la baraque où l’on montrerait des veaux à une seule tête et des moutons qui n’auraient que quatre pattes. Mais, voilà, on n’en trouve plus, même dans les plus sauvages contrées, de ces animaux demeurés tels que furent leurs ancêtres dans le primitif Eden ; les personnes qui habitent Bois-Colombes ou les solitudes forestières de la Norwège, — enfin la campagne, — sont d’accord pour affirmer qu’à présent, loin de sauteler, les cabris cheminent pesamment avec des sabots de bœufs ou de bisons, que des ailes palpitent au dos rétif des ânes, et que le corbeau rossignole tandis que le rossignol croasse sous les lilas fleuris d’églantines. Au milieu de ces détraquements ou de ces métamorphoses les âmes de Buffon et de Linnée errent stupéfaites par le bêlement des lions et la rougeur san-