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Un peu plus tard Tristan se rencontre au château avec Berthod, maître de chapelle ou, pour parler le langage du temps, « Ordinaire de la Musique du Roy », et il le notifie visiblement en ces vers :


Cesse de reveiller avec tant de beaux Airs
Echo qui se retire au fond de ces Déserts
Et qui pleignant encor le trespas de Narcisse
A besoing de repos plustost que d’exercice.
Laisse dormir en paix les Nimphes de ces eaux
Qui couronnant leur front de joncs, et de roseaux,
Sous le liquide argent de leurs robes superbes,
Dancent à tes chansons dessus l’esmail des herbes.


Et, s’il prie ainsi Berthod de tenir « la bouche close » et de faire taire la voix des instruments, c’est « afin d’escouter » l’histoire d’Orphée qui faisait venir les Arbres à lui aux sons de sa Lyre.


A ses premiers accords on vid soudain parestre
Le Noyer, le Cormier, le Tilleul et le Hestre,
Le Chesne qui jadis couronnoit le vainqueur…
Le Cèdre impérieux y vint baisser la teste
Suivi du vert Laurier qui brave la tempeste…
Le Tremble y vint couvert de sa feüille timide…
Le Cyprès y parut en verte piramide…
Le Coudre deceleur des thresors enterrez,
L’arbre qu’aime Venus, celuy qu’aime Diane,
L’Erable, le Sapin, le Tamarin, le Plane,
Le Cycomore noir, le Saule palissant,
Le Bouleau chevelu, l’Aubepin fleurissant…
La plante pacifique à Pallas consacrée…