Page:Madeleine - Quelques poëtes français des XVIe et XVIIe siècles à Fontainebleau, 1900.djvu/140

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 124 —


L’ABSENCE DU ROY
OU PLAINTE DU GENIE DE FONTAINE-BLEAU


Merveilleuses grandeurs, superbes Edifices,
Vaste et pompeux séjour de cent Divinitez,
D’où vient que dans le sein de vos bois escartez
Je ne voy plus fleurir l’Empire des délices ?

Ces desers innocens se rendent ils complices
Du Destin qui s’oppose à mes félicitez ?
Et ce doux Paradis de mes yeux enchantez,
N’est-il plus pour mon cœur qu’un enfer de supplices ?

Nymphes de ces forests, Nymphes de ces ruisseaux.
Je visite vos bois, je visite vos eaux.
Mais je n’y trouve plus et mon Prince et mon Maistre.

Puisque je perds ma gloire et mon contentement.
Beaux lieux, je veux mourir où mon Roy voulut naistre.
Et veut d’un beau Palais faire un beau monument.


Monument, dans le langage de l’époque, a la force de : monument funéraire, tombeau. Il est heureux toutefois que le Génie familier de ces bois, de ces eaux, de ces palais, ait pu prendre sur lui de survivre à une simple absence de Louis-le-Juste !

Colletet vint à Fontainebleau. Il serait imprudent d’ajouter qu’il s’y plut extrêmement. Colletet était un bon homme peu au fait des belles manières qui ne cachent que perfides sentiments, un brave bourgeois de Paris que la Cour effarouchait. Il n’avait