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Page:Madeleine - Quelques poëtes français des XVIe et XVIIe siècles à Fontainebleau, 1900.djvu/284

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Parmy les bois délicieux
J’erre sans cesse comme une ombre
Et des fontaines de ces lieux
Mes yeux font accroistre le nombre,
Et la cause de ce tourment
Est vostre seul esloignement.

Ny le Tybre, ny le canal,
Qu’il faut que tout le monde admire,
Ne divertissent point mon mal,
Plus j’y’suis, et plus je souspire,
Et la cause de ce tourment
Est vostre seul esloignement.

La pompe d’un si beau séjour
Où préside une grande Reyne,
Et la merveille de sa Cour
Flattent plus mes yeux que ma peine ;
Et la cause de ce tourment
Est vostre seul esloignement.

Icy mille rares beautez
Dont les Dieux feroient leurs fortunes
Ont beau luire de tous costez
Leurs clartez me sont importunes ;
Et la cause de ce tourment
Est vostre seul esloignement


Encore un Amant que l’absence de sa Maîtresse empêche de goûter les splendeurs environnantes ! Eh ! par Kypris et par Érôs, Messieurs, amenez la donc, ou faites-en une autre, parmi ces « mille rares beautés ». Et regardez mieux le décor qui veut bien s’offrir à vos regards : les bois déhcieux, les fontaines, le Tibre, le Canal !