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faits pour les amours d’autrui valent mieux que ceux où il chante les siens ; mais tout cela est encore bien froid. On ne s’échauffe pas de la chaleur d’un autre, et il n’avait jamais aimé lui-même. Je n’aime point à voir sa lyre devenir l’entremetteuse du roi et de plusieurs particuliers. »

Ces particuliers étaient monseigneur le duc de Montpensier et monsieur le duc de Bellegarde ; et l’expression employée semble légèrement malsonnante. Pourtant l’offense inexpiable est autre part ; elle réside en cette appréciation répétée par André de Chénier, qui, lui, fut un tendre et un amant : « Ces vers là même prouvent qu’il n’avait jamais aimé. » Mais on l’appelait « le pere Luxure », disent les Mémoires que Racan écrivit sur ou pour sa vie. Et il s’en vantait fort sans paraître se douter que ce n’est pas la même chose.

Au reste Malherbe ne semble envisager son travail qu’à un point de vue très spécial. Il écrit à son ami Peiresc : « Marc-Antoine (son fils) vous fera voir des vers que j’ai faits pour le roi : il les a si extrêmement loués, que je crains qu’il ne pense que nous