Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/162

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on voyoit vne eſpece de combat entre elles, qui menaçoit de naufrage tous les Vaiſſeaux qui ſe trouuoient alors ſur cette Mer. Cette Tempeſte deuint meſme d’autant plus dangereuſe pour celuy dans quoy eſtoient Nicius, & Martia, que le vent apres les auoir balotez de cent façons differentes, les pouſſa enfin vers le Cap de Lylibée : de ſorte que comme il n’y a pas de plus grand danger pour les Vaiſſeaux, quand la Mer eſt fort irritée, que d’eſtre prés de la Terre, Nicius & Martia eurent aueque raiſon beaucoup de peur de la perte de leur Vaiſſeau. Mais ce qui acheua de leur donner vne aprehenſion extréme, fut qu’ils virent que le Pilote qui eſtoit fort experimenté, apres auoir fait inutilement tout ce que ſon Art luy enſeignoit pour reſiſter à l’impetuoſité des Vents, & à toutes les bourraſques de la Mer ; auoit