Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/201

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Carthage, ie me vante pourtant d’eſtre Romaine, de peur que ſans y penſer, vous n’allaſſiez la mettre deuant Rome, & preferer quelque autre Païs à ma veritable Patrie. Ie me ſouuiens preſentement ſi peu de tout ce que i’ay veû pendant mon voyage, reſpondit Aronce, que ie ne ſçaurois vous en rendre conte : car enfin ma chere Sœur (s’il eſt permis à vn Frere d’Alliance, de vous dire ce qu’il penſe de vous) vous eſtes la plus belle choſe que i’ay iamais veuë : & ſi Rome ſçauoit quelle eſt voſtre beauté, ie ſuis perſuadé qu’elle feroit vne plus ſanglante Guerre à Carthage, pour vous en retirer, que celle que la Grece fit autrefois à Troye, pour reconquerir cette belle Princeſſe dont le nom durera autant que le Monde : du moins ſçay-ie bien, adiouſta-t’il, que la plus fameuſe beauté de Rome, qui eſt celle d’vne Perſonne de gran-