Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/220

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qui auoit ceſſé de l’eſtre auſſi toſt apres ſes Nopces : & l’autre ayant eſpouſé celle qui luy eſtoit deſtinée ſans en eſtre amoureux, ſembloit l’eſtre deuenu depuis ſon Mariage. De ſorte que comme cét euenement auoit quelque choſe de ſingulier, & d’agreable, on examina d’abord cette bizarre auanture. Pour moy, dit alors Clelie, ie n’ay iamais pû comprendre qu’il fuſt poſſible d’aimer ce qu’on n’a pas eu loiſir de connoiſtre : ie conçois aiſément, pourſuiuit-elle, qu’vne grande beauté plaiſt dés le premier inſtant qu’on la voit : mais ie ne conçoy point du tout qu’on la puiſſe aimer en vn moment : & ie ſuis fortement perſuadée, qu’on ne peut tout au plus la premiere fois qu’on voit vne Perſonne, quelque aimable qu’elle puiſſe eſtre, ſentir autre choſe dans ſon cœur, que quelque diſpoſition à l’aimer. Comme