Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/221

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vous n’auez iamais eu d’amour, repliqua Horace, il n’eſt pas fort eſtrange que vous ne ſçachiez point comment cette paſſion s’empare du cœur de ceux qu’elle poſſede : mais il eſt pourtant conſtamment vray, qu’on peut auoir de l’amour dés le premier iour qu’on voit vne Perſonne qu’on eſt capable d’aimer. I’auouë toutesfois que ſi on ne la voyoit que ce iour là, que cette amour ne ſeroit peut-eſtre pas aſſez forte pour donner vne longue inquietude : & qu’elle pourroit meſme finir auſſi promptement qu’elle auroit commencé. Car enfin, comme vne premiere eſtincelle ne peut faire vn grand embrazement, ſi on ne prend ſoin de ne la laiſſer pas eſteindre ; de meſme l’amour a beſoin qu’on l’entretienne pour l’accroiſtre : mais apres tout, comme cette eſtincelle ne laiſſe pas d’eſtre feu, quoy qu’elle n’ait encore