Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/225

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Clelie, il ne s’agit pas de ſçauoir s’ils changent, ou s’ils ne changent pas, car ce n’eſt pas de cela dont i’entens parler : puis que ce que ie ſouſtiens eſt, qu’on ne peut auoir d’amour dés le premier moment qu’on voit vne femme. Ie vous aſſure Madame, reprit Horace, que ie connois vn homme, qui dés le premier iour qu’il vit vne des plus admirables Perſonnes de la Terre, eut ie ne ſçay quoy dans le cœur, qu’il l’occupa tout entier : qui luy donna de la ioye, & de l’inquietude : des deſirs, de l’eſperance, & de la crainte : & qui le rendit enfin ſi different de luy meſme, que ſi ce ne fut de l’amour qu’il eut dans le cœur, ce fut quelque choſe qui luy reſſembla fort. I’en connois vn autre (repliqua Aronce, ſans ſoubçonner rien de la paſſion d’Horace pour Clelie) qui a eu aſſez long temps de l’eſtime, & de l’admiration, ſans auoir de l’a-