Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/226

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mour pour vne merueilleuſe Perſonne : il eſt vray que ie ſuis perſuadé que la raiſon qui l’empeſchoit alors d’en auoir, eſtoit qu’il ne croyoit pas qu’il luy fuſt permis d’aimer ce qu’il adoroit. Mais en commençant d’aimer, repliqua Clelie, a-t’il ceſſé d’adorer ? car ſi cela eſt, ie trouue que celle qu’il adoroit, deuroit ſouhaiter qu’il ne l’aimaſt pas. Ces deux ſentimens ne ſont pas incópatibles Madame, reprit Aronce ; & quoy que l’on puiſſe adorer des choſes qu’on n’aime pas, parce qu’elles paſſent notre cónoiſſance, on ne laiſſe pas d’en aimer qu’on adore. Pour moy, reprit Barcé entre ces deux ſentimens, i’aimerois mieux celuy qui conuient à vne Maiſtreſſe, que celuy qui n’appartient qu’à vne Deeſſe : & la tendreſſe du cœur, eſt ſi preferable à l’admiration de l’eſprit, que ie ne mets nulle comparaiſon entre ces deux choſes. En