Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/230

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amitié ordinaire, à vne tendre amitié. Elle eſt ſi conſiderable, repliqua Clelie, qu’on peut dire hardiment qu’il y en a preſques moins entre l’indifference, & l’amitié ordinaire, qu’entre ces deux ſortes d’amitiez. Car enfin, celle qui n’a point de tendreſſe, eſt vne eſpece d’amitié tranquile, qui ne donne ny de grandes douceurs, ni de grandes inquietudes, à ceux qui en ſont capables. Ils ont preſques l’amitié dans le cœur ſans la ſentir : ils cherchent leurs Amis, & leurs Amies, ſans empreſſement : ils en ſont eſloignez ſans en eſtre melancoliques : ils ne penſent guere à eux s’ils ne les voyent : ils leur rendent des offices ſans grande ioye : ils en reçoiuent auſſi ſans grande reconnoiſſance : ils negligent tous les petits ſoins : les mediocres maux de ceux qu’ils aiment ne les touchent guere : la generoſité & la vanité ont