Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/239

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luſt permettre à Aronce, de dire ce qu’il en penſe. Quoy que i’aye encore beaucoup moins d’intereſt à cette eſpece de tendreſſe, repliqua-t’elle, que vous n’en auez à celle dont ie viens de parler ; ie conſens volontiers qu’Aronce vous aprenne à vous connoiſtre vous meſme, s’il eſt vray que vous ne vous connoiſſiez pas aſſez bien. Puis que vous me le permettez Madame, dit alors Aronce, ie diray hardiment, que la tendreſſe eſt vne qualité encore plus neceſſaire à l’amour, qu’à l’amitié. Car il eſt certain que cette affection qui naiſt preſques touſiours auec l’aide de la raiſon ; & qui ſe laiſſe conduire & gouuerner par elle ; pourroit quelquefois faire agir ceux dans le cœur de qui elle eſt, comme s’ils auoient de la tendreſſe, quoy que naturellement ils n’en euſſent pas : mais pour l’Amour, Madame, qui eſt preſques touſiours incompatible