Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/248

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vouliez iamais dire il n’y a qu’vn inſtant. C’eſt pourquoy ie conclus aueque raiſon, ce me ſemble, que vous eſtes amoureux : puis qu’il eſt vray qu’il n’y a que l’amour ſeulement qui puiſſe faire faire vne auſſi bizarre choſe que celle-là. Il eſt vray Celere, me dit-il, ie ſuis amoureux & quoy que vous me diſiez preſques des iniures, il faut pourtant que vous ſoyez l’vnique Confident de ma paſſion : & que ie vous die ce que ne ſçaura peut-eſtre iamais l’admirable Perſonne que i’adore, quoy que ie la voye tous les iours. Vous aimez donc Clelie, luy dis-ie, car il me ſemble que ce n’eſt qu’elle ſeule que vous voyez auec aſſiduité. Ouy Celere, i’aime Clelie, repliqua-t’il, & ie l’aime ſi ardemment, & ſi tendrement, que ſelon toutes les apparences, ie vay deuenir le plus malheureux homme de la Terre. Il me ſemble pourtant,