Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/249

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luy dis-ie, que ſi i’eſtois en voſtre place, ie m’eſtimerois fort heureux : car enfin, comme vous auez eſté eſleué dans la Maiſon de Clelius, vous viuez auec Clelie auec la meſme liberté que ſi elle eſtoit voſtre Sœur : & ſon Pere & ſa Mere vous regardent en effet comme ſi vous eſtiez ſon Frere. Il eſt vray Celere, reprit-il, mais ils ne me regardent pas comme ſon Amant : & ie ſuis fortement perſuadé que s’ils me regardoient comme tel, ils me haïroient autant qu’ils m’aiment : & qu’ils penſeroient auoir droit de m’accuſer d’vne ingratitude effroyable, & d’vne preſomption terrible. En effet, ie dois la vie au genereux Clelius, & ie ne ſçay à qui ie dois ma naiſſance : il m’a trouué dans les Flots : il m’a ſauué d’vn peril eſpouuantable : il m’a eſleué auec vn ſoin extréme : ie luy dois tout ce que i’ay de vertu : & ie ſerois ſans doute