Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/250

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

le plus laſche de tous les hommes, ſi ie faiſois volontairement vne choſe qui luy doit déplaire. Cependát quoy que ie ſois aſſuré qu’il ne trouueroit nullement bon qu’vn inconnu oſaſt tourner les yeux vers ſon admirable Fille, ie ne ſçaurois m’en empeſcher : & ie ſens bien que ie ne pourray iamais ceſſer de l’aimer. Ainſi me voyant deſtiné à aimer ſans eſperance, ie n’ay qu’à me preparer à des ſuplices inimaginables : car ie ne ſçache rien de plus cruel, que de ne pouuoir auoir de l’amour ſans auoir de l’ingratitude. Vous auez l’ame ſi grande &, le cœur ſi bien fait, repris-ie, que ie ne tiens pas poſſible que Clelius mette en doute que voſtre naiſſance ne ſoit tres illuſtre. Quand il en ſeroit aſſuré, repliqua-t’il, ie ne ſerois pas en droit d’eſperer de poſſeder Clelie, quand meſme il ſeroit poſſible que cette merueilleuſe Fille ne