Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/262

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ſçaurez Madame, que Maharbal qui auoit vne paſſion dans l’ame la plus violente du monde, ne ſoubçonnant point du tout que le Prince de Numidie qui eſtoit en Oſtage entre ſes mains, euſt nul deſſein pour Clelie, ſe mit à ne faire plus autre choſe que luy parler de l’amour qu’il auoit pour elle ; de l’iniuſtice de Clelius ; & de la cruauté de ſa Fille : le coniurant de vouloir leur conſeiller à tous deux de changer de ſentimens : car enfin, diſoit-il au Prince Aderbal, n’eſt-ce pas vne terrible choſe, d’entendre dire à Clelius qu’il ne veut point marier ſa Fille qu’il ne ſoit retourné à Rome ? luy qui en eſt exilé depuis vn ſi long temps : luy qui eſt ennemy mortel de Tarquin, qui regne auec vne authorité ſi abſoluë, qu’il n’eſt pas croyable : que nulle puiſſance puiſſe le faire tomber du Throſne où ſa cruauté l’a ſi bien affermy. Ce-