Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/286

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ne viſt qu’il auoit vn chagrin extréme. Neantmoins il ne s’en eſtonna pas d’abord : car comme il ſçauoit qu’Aronce aimoit autant Clelius que s’il euſt eſté ſon Pere, il s’imagina que c’eſtoit vne douleur que la ſeule tendreſſe qu’il auoit pour luy cauſoit. Mais comme il vit que de iour en iour il deuenoit plus melancolique, il ſoubçonna quelque choſe de la veritable cauſe de ſa triſteſſe : & me tirant à part, il me pria de luy dire ingenûment s’il n’eſtoit pas vray qu’Aronce eſtoit amoureux de Clelie ? De ſorte que ne iugeant pas qu’il fuſt deſauantageux à mon Amy d’auoüer cette verité à Amilcar, ie luy dis que ie croyois qu’il ne ſe trompoit pas : & que ie craignois extrémement que la douleur qu’il auoit de ſon abſence ne le fiſt mourir. Comme Amilcar aime cherement Aronce, il fit alors tout ce qu’il pût