Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/288

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cés deuoit le mettre en pouuoir de combler d’honneur & de biens, tous ceux qui ſeroient alors attachez à ſa fortune. Auſſi Aronce me diſoit-il vn iour (en exagerant ſon malheur) qu’il eſtoit le plus infortuné de tous les hommes : car enfin mon cher Celere (me dit-il, apres m’auoir aduoüé qu’il eſtoit reſolu d’abandonner l’Afrique, & d’aller retrouuer Clelie) ie ne croy pas qu’il y ait iamais eu vn homme plus miſerable que moy : & qui conſiderera bien le pitoyable eſtat où ie me trouue, trouuera ſans doute que depuis que l’amour fait des malheureux, il n’y a iamais eu d’Amant qui ait eu ſi peu de raiſon d’eſperer d’eſtre aimé, ny de continuer d’aimer. Premierement Clelie ne ſçait point que ie l’aime, pourſuiuit-il, & ie ne dois point le luy faire ſçauoir, tant que ie ne ſçauray pas qui ie ſuis. De plus, Clelius