Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/291

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reux : cependant ie veux partir, & ie partiray : car l’amour que i’ay dans l’ame me perſuade qu’il n’eſt point de malheur qui eſgalle l’abſence, lors que l’abſence n’eſt point aſſez forte pour faire mourir l’amour. Ie me trouue pourtant bien embarraſſé, lors que ie penſe que Clelius me demandera ce qui m’a obligé de retourner ſi bruſquement aupres de luy ? car luy diray-ie vn menſonge, en luy diſant qu’on m’a exilé, & que ie me ſuis rendu indigne des ſoins qu’il a eu de moy ? luy diray-ie que l’amitié que i’ay pour luy, n’a pû ſouffrir que i’en fuſſe ſeparé ? & ne dois-ie point craindre qu’il ne deuine la cauſe de mon retour, qu’il ne m’en haïſſe, & qu’il ne me force à m’eſloigner pour touſiours de la Perſonne que i’aime ? Mais apres tout, il en arriuera ce qu’il plaira aux Dieux : car ie vous declare que ie ne puis faire autrement. Et en