Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/290

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l’eſtiez autant à chercher du ſoulagement au mal qui vous tourmente, vous en viendriez à bout. Ha Celere, s’eſcria-t’il, ſi vous ſçauiez la nature du mal dont vous parlez, vous verriez bien qu’il eſt ſans remede ! car ſi ie demeure icy, ie mourray le plus deſeſperé de tous les hommes : & ſi ie vay retrouuer Clelie, comme i’iray infailliblement, ie feray ſans doute la choſe du monde la moins raiſonnable : puis que ie connois bien que ie ne dois iamais luy dire que ie l’aime, ſi ie ne veux eſtre ingrat enuers Clelius, à qui ie dois toutes choſes. Ainſi ie quitteray vne grande eſperance de fortune, & ie feray vn long voyage, pour aller voir vne Perſonne que i’adore, auec l’intention de ne le luy dire iamais : & auec vne enuie eſtrange de le luy dire mille fois le iour ſi ie le pouuois. Iugez apres cela Celere, ſi ie ſuis en vn eſtat heu-