Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/293

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aller en ſuite par terre à Capouë, qui n’eſt qu’à douze mille de la Mer. Ie ne vous diray point madame, quelle fut la peine d’Aronce, lors qu’il falut quiter le Prince de Carthage, & ſe ſeparer d’Amilcar : car ie ne pourrois vous exprimer tout ce que la tendreſſe de l’amitié, & la violence de l’amour, luy firent ſentir en cette rencontre. Ce qu’il y a de vray, eſt que dés qu’il fut aſſuré de partir, il commença de craindre d’eſtre encore plus malheureux quand il ſeroit aupres de Clelie, qu’il ne l’eſtoit eſloigné d’elle. Il changea pourtant de ſentimens, quand nous fuſmes embarquez : car comme le vent eſtoit tres fauorable, il eut vne ioye que ie ne vous puis exprimer, dans la penſée qu’à chaque moment il s’aprochoit de Clelie. Il eſt vray que ce vent fauorable ne nous dura pas long temps : en effet le lendemain au ſoir,