Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/294

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nous viſmes de loin vne legere Nuë s’eſleuer de la Mer : qui ſans nous effrayer attacha ſeulement nos regards. Mais nous fuſmes bien eſtonnez de voir que le Pilote qui nous conduiſoit s’en eſpouuenta : & commença de donner diuers ordres à tous les Mariniers de noſtre Vaiſſeau, afin qu’ils ſe preparaſſent à vne gráde Tempeſte. D’abord nous creuſmes qu’il s’abuſoit : & nous ne compriſmes pas qu’vne choſe qui n’auoit rien d’effroyable à voir, pûſt eſtre vn ſigne aſſuré de la plus eſpouuentable Tempeſte qui fut iamais. Cependant à peine auions nous eu loiſir de penſer que la peur du Pilote eſtoit mal fondée, que nous viſmes qu’inſenſiblement la Mer ſe couuroit de gros boüillons d’Eſcume, qui faiſoient le meſme effet ſur cette grande & vaſte eſtenduë de Mer, que font des Troupeaux eſpars dans de grandes & va-