Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/296

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naſſent à la fois : que la Mer s’eſmeûſt horriblement & que toutes les vagues s’entrechoquaſſent ſi rudement, qu’elles nous fiſſent perir. En effet Madame, ie ne puis vous dire en quelle extremité nous nous trouuaſmes, lors que la nuit tombant tout d’vn coup, nous nous viſmes expoſez à la fureur des Ondes, & des vents, tant qu’elle dura. Tantoſt noſtre Vaiſſeau eſtoit porté iuſques aux Nuës ; vn moment apres il ſembloit aller eſtre enfoncé dans vn Abiſme ; & vn moment en ſuite la Tempeſte redoublant, le faiſoit tournoyer malgré l’Art du Pilote, & nous mettoit de moment en moment en eſtat de faire naufrage. Auſſi tous les Mariniers auoient-ils abandonné toutes choſes : & le Pilote luy meſme apuyé ſur ſon Timon, inuoquoit Neptune à haute voix, comme n’attendant plus de ſecours que