Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/297

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de luy ſeulement. Pour Aronce i’aduouë que ſa fermeté m’en donna : car apres s’eſtre remis ſous la conduite des Dieux, il eut autant de tranquilité dans l’ame que s’il n’euſt pas eſté en peril : & pour vous donner vne marque ſenſible de ſa conſtance, ie n’ay qu’à vous dire qu’au milieu de cette effroyable Tempeſte, il me parla de Clelie : & me dit que s’il mouroit, comme il y auoit beaucoup d’apparence, il mourroit auec la douleur de n’auoir pas fait ſçauoir à cette belle Perſonne, l’amour qu’il auoit pour elle. Mais enfin Madame, comme la Tempeſte auoit commencé au coucher du Soleil, elle commença de s’apaiſer à la pointe du iour : & ce bel Aſtre ramenant le calme auec la lumiere, nous viſmes peu à peu les vagues s’abaiſſer : mais nous viſmes en meſme temps que nous eſtions ſi proches d’vn grand Vaiſſeau, que