Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/299

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D’abord le Pilote fit difficulté d’obeïr, & voulut du moins raiſonner ſur la choſe : mais Aronce luy ayant commandé abſolument de ſuiure ſes ordres, & de taſcher de gagner le vent, afin d’eſtre les attaquans, il obeït par crainte & fit en effet ſi bien que nous miſmes le Corſaire au deſſous du vent. Il eſt vray que comme il eſtoit accouſtumé de vaincre, & que noſtre Vaiſſeau eſtoit plus petit que le ſien, il ne s’opiniaſtra pas à nous diſputer cét auantage : & cherchant à nous aborder comme nous le cherchions, nous nous ioigniſmes, & nous viſmes en vn inſtant tout le Tillac ennemy rempli de ſoldats armez : qui par leur mine ſeulement, pouuoient inſpirer de la terreur à ceux qui les voyoient. Car comme c’eſtoient des Gens qui depuis longues années, eſtoient continuellement à la Guerre, & continuelle-