Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/300

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ment ſur la Mer, ils eſtoient plus baſannez, & plus noirs que des Africains, quoy qu’ils fuſſent de l’Iſle de Cyrne : & ils auoient vne fierté ſi ſauuage & ſi feroce ſur le viſage, qu’il eſtoit aiſé de comprendre qu’ils paſſoient toute leur vie dans le carnage & dans le ſang. En effet, ils auoient tout enſemble la ruſticité des Gens de Mer, & la cruauté des Soldats determinez dans les yeux : leurs Cheueux eſtoient longs, noirs, pendans, & negligez : Leurs Habits eſtoient bizarres, & differens, parce qu’ils eſtoient tels qu’ils les prenoient à ceux qu’ils vainquoient : mais pour leurs armes, elles eſtoient magnifiques : & il paroiſſoit ſi bien à leur contenance qu’ils eſtoient accouſtumez à combatre, & accouſtumez à vaincre, que ie creûs en effet que nous ſerions vaincus : car nous n’auions pas autant de Gens que nous