Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/331

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dans vn Miroir, ſi elles n’ont rien oublié de toutes les grimaces qu’elles ont accouſtumé de faire ? & qui ont tellement la fantaiſie de ſe voir, que non ſeulement elles ſe regardent auec empreſſement, dans tous les Miroirs qu’elles trouuent, mais encore dans les Riuieres, & dans les Fontaines, aupres de qui elles ſe promenent, & meſme dans les yeux de ceux à qui elles parlent ? Mais ce qu’il y a encore de vray, c’eſt que lors qu’elles ne ſe peuuent voir, elles cherchent cent inuentions affectées de ſe faire dire qu’elles ſont ce qu’elles croyent eſtre, & ce qu’elles ne ſont bien ſouuent point. Car tantoſt elles diſent qu’elles n’ont point dormy, afin qu’on leur ſouſtienne qu’il n’y paroiſt pas : vne autre fois qu’elles ont mauuais viſage, afin qu’on leur die qu’elles ont le teint fort beau : en vne autre occaſion elles diſent