Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/366

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ceriez pas d’eſtre aimée de la façon dont ie vous aime : donnez vous donc la peine de les connoiſtre, & ne me condamnez pas ſans cela, ie vous en coniure. Mais afin que ie ſçache ſi vous m’accordez ce que ie vous demande, ie vous declare que ſi vous ne me reſpondez point, ie croiray que vous respondez fauorablement à mon amour : & que ie n’auray qu’à vous aller rendre grace. Que ſi au contraire vous prenez la reſolution de me maltraiter, i’aimeray encore mieux receuoir vne cruelle Lettre que de n’en receuoir pas. Mais de grace ne me deſesperez pourtant pas tout à fait : car dans la paſſion que i’ay pour vous, ie ne puis perdre l’esperance ſans perdre la vie.


La lecture de cette Lettre ſurprit ſi fort Clelie, qu’elle n’a pû dire elle meſme ce qu’elle ſentit en la liſant : car comme elle auoit vne fort grande eſtime pour Aronce, & meſme