Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/365

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mis vn qui ne regarde que vous, afin que prenant la genereuſe reſolution de me le pardonner, ie puiſſe apres le commettre innocemment toute ma vie. Car pour ne vous déguiſer rien, le crime que i’ay commis, c’eſt que ie vous aime plus que vous ne voulez eſtre aimée : & que le glorieux nom de Frere que vous me donnez, conuient ſi peu auec les ſentimens que i’ay pour vous, que ie ne le puis plus accepter. Permettez moy donc de porter celuy de voſtre Eſclaue, ſi vous voulez me combler de gloire : mais afin que ma paſſion ne vous offence pas, ſçachez que vous auez vn pouuoir ſi abſolu ſur moy, que ie ne deſireray meſme que ce que vous ne me voudrez pas refuſer : & que ie vous aime enfin d’vne maniere ſi pure, que ſi vous pouuiez voir mon cœur, vous n’auriez iamais l’iniuſtice d’en vouloir effacer voſtre Image. Ie ſçay bien aimable Clelie, que ie ſuis vn malheureux inconnu : mais ie ſçay bien auſſi que ſi vous connoiſsiez bien ma flame, & la pureté de mes ſentimens, vous ne vous offen-